La dénonciation des licenciements abusifs opérés par METALKOL SA soulève des inquiétudes majeures quant à la justice en République Démocratique du Congo (RDC) et met en lumière la corruption qui gangrène le système judiciaire et administratif, notamment dans le secteur de l’emploi.
Des Licenciements Abusifs Dénoncés
Depuis l’année 2023, plusieurs employés de la Compagnie de Traitement des Rejets de Kingamyambo (METALKOL SA) ont été victimes de licenciements qu’ils jugent abusifs. Une dizaine de cas ont été enregistrés, mettant en lumière une pratique courante de l’employeur consistant à faire signer, sous pression et menace, des accords de rupture de contrat de travail et de transaction.
Ces pratiques vont à l’encontre du Code du travail révisé par la Loi du 15 juillet 2016, qui introduit la possibilité pour les parties contractantes de résilier de commun accord ou par transaction un contrat de travail en vertu de ses articles 61
Violations du Code du Travail
Il a été constaté que METALKOL SA fait signer à la plupart de ses travailleurs des contrats à durée déterminée , en violation du Code du travail, qui interdit le renouvellement de ces contrats plus de deux fois avec le même employeur. Cette pratique transforme de facto ces CDD en contrats à durée indéterminée , mais l’entreprise refuse de reconnaître ce changement de statut et continue de licencier ses employés de manière abusive.
La situation de METALKOL SA n’est pas isolée et reflète un problème plus vaste d’absence d’indépendance de la justice en RDC, où les employeurs influencent les décisions judiciaires par des moyens de corruption. Cette situation crée un climat de peur et d’impuissance parmi les employés, qui se retrouvent contraints de signer des accords de rupture amiable sous la menace de perdre tout droit.
L’Absence de l’Autorité de l’État
La province de Lualaba, où opère METALKOL SA, est particulièrement touchée par l’absence de l’autorité de l’État selon une certaine opinion.
Certaines autorités locales semblent plus intéressées par les affaires des carrés miniers que par leurs missions respectives de protection des travailleurs et de maintien de l’ordre.
Cette situation permet aux employeurs de continuer leurs abus en toute impunité.
Nouveau Ministre de la Justice : Espoir de Réforme
L’avènement du nouveau ministre de la Justice, Constant Mutamba, apporte un souffle d’espoir. Selon ses tweets sur les réseaux sociaux, il promet de mettre de l’ordre dans l’appareil judiciaire congolais et de combattre la corruption. Ses déclarations suscitent l’espoir que des réformes concrètes seront mises en place pour restaurer l’indépendance de la justice et protéger les droits des travailleurs.
Appel à l’Action
Les avocats(Yav&Associates) représentant les employés licenciés de METALKOL SA ont adressé une lettre au Ministre national en charge de l’Emploi, Travail et Prévoyance sociale, dénonçant ces licenciements abusifs et demandant une intervention urgente des autorités compétentes. Ils soulignent la nécessité pour le gouvernement de promouvoir le droit au travail, la protection contre le chômage et une rémunération équitable et satisfaisante pour les travailleurs afin de garantir une existence digne.
lire la lettre AR – DÉNONCIATION DES LICENCIEMENTS ABUSIFS OPERÉS PAR METALKOL SA
La situation dénoncée à METALKOL SA est symptomatique des défis plus larges auxquels est confrontée la RDC en matière de justice et de droits des travailleurs. Il est crucial que les autorités prennent des mesures pour restaurer l’indépendance de la justice et lutter contre la corruption afin de protéger les droits des employés et de garantir une application équitable des lois du travail. Seule une action concertée et déterminée permettra de mettre fin à ces abus et de restaurer la confiance dans le système judiciaire et administratif du pays.
Les licenciements abusifs chez METALKOL SA et l’absence d’indépendance de la justice en RDC sont des défis majeurs qui nécessitent une réponse forte et coordonnée des autorités pour protéger les droits des travailleurs et assurer une justice équitable pour tous.
Par Eric Kasongo et Sylvie Manda