Le marché du travail sud‑africain a enregistré une amélioration fragile au troisième trimestre 2025, ajoutant 29 000 emplois pour atteindre 10,549 millions de personnes occupées, alors même que l’économie reste structurellement sous pression et affiche une perte annuelle de 79 000 emplois.

Dans ce paysage inégal, le secteur minier s’est distingué comme l’un des rares segments en croissance, portant son effectif à 474 000 après une hausse de 5 000 emplois d’un trimestre à l’autre et de 2 000 sur un an.

La résilience contre‑cyclique du secteur contraste fortement avec les baisses généralisées dans les services communautaires, la fabrication, la construction, le commerce et le transport, soulignant le rôle stabilisateur du secteur minier à un moment où la plupart des industries intensives en main‑d’œuvre restent sous pression.

Les données du T3 dressent le portrait d’une économie qui peine à retrouver son élan après des années de stagnation structurelle. Cinq des huit grands secteurs ont détruit des emplois par rapport au T3 2024, les services communautaires enregistrant la plus forte baisse avec 45 000 postes perdus.

Cela reflète l’impact de la consolidation budgétaire, des budgets publics plus serrés et des contraintes de recrutement dans la santé, l’éducation et l’administration publique.

L’industrie manufacturière a suivi avec une contraction de 26 000 emplois, tandis que la construction a perdu 20 000 postes dans un contexte de demande intérieure faible, de hausse des coûts d’intrants et d’investissement atone.

Le commerce et le transport ont également reculé de 7 000 et 3 000 emplois respectivement, reflétant la faiblesse de la consommation et la baisse de la demande logistique liée aux perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales et locales.

À l’inverse, les services aux entreprises ont ajouté 23 000 emplois, soutenus par la croissance des activités professionnelles, financières et technologiques, plus résistantes aux cycles économiques.

Le secteur de l’électricité a également enregistré un gain modeste de 3 000 emplois, reflétant les investissements dans les infrastructures énergétiques et les projets renouvelables. L’augmentation de 2 000 emplois dans le secteur minier sur un an, bien que modeste, est significative compte tenu des contractions récentes du secteur et de son exposition aux cycles mondiaux des matières premières.

Le Minerals Council note que la stabilisation de la production et la demande soutenue pour des produits tels que le chrome, l’or et les PGMs ont soutenu la reprise du secteur.

Cependant, ces gains d’emploi interviennent dans un contexte de hausse des coûts salariaux et d’affaiblissement de la productivité. Les données post‑COVID montrent que les salaires réels dans le secteur minier ont systématiquement dépassé la productivité, la rémunération réelle par travailleur augmentant plus rapidement que la production.

Cela a fait grimper les coûts unitaires de main‑d’œuvre, érodant la compétitivité dans un secteur qui opère comme un « price‑taker » sur les marchés mondiaux. Les salaires miniers sont passés de R79 957 (4 442 $) au T3 2019 à R108 759 (6 042 $) au T3 2025, soit une hausse de 36 %, dépassant l’inflation (32 %) et légèrement supérieure à la moyenne nationale (33 %).

Bien que cela reflète des gains réels pour les travailleurs, cela exerce également une pression sur la rentabilité et la durabilité à long terme. Comme le souligne le Minerals Council, « un secteur qui ne peut pas soutenir des hausses salariales sans améliorations de productivité risque la stagnation ».

Comparé au T2, le marché du travail du T3 montre une amélioration marginale mais reste fragile. Le gain trimestriel de 29 000 emplois marque une légère hausse après la stagnation observée plus tôt dans l’année, mais les faiblesses structurelles sous‑jacentes persistent.

Les contraintes budgétaires continuent de peser sur l’emploi lié au secteur public, tandis que la fabrication et la construction restent piégées dans un cycle de faible investissement. Les analystes notent que sans un rebond de la demande intérieure et un environnement énergétique plus stable, ces secteurs ne devraient pas connaître une reprise significative à court terme.

Pour les marchés mondiaux, la stabilisation du secteur minier offre un signal prudemment positif. L’Afrique du Sud reste un fournisseur essentiel de PGMs, de chrome et d’or, et les gains d’emploi suggèrent que les niveaux de production se maintiennent.

Cependant, la hausse des coûts salariaux et la baisse de productivité soulèvent des inquiétudes quant à la compétitivité à long terme, en particulier alors que des producteurs mondiaux comme l’Australie, la Chine et la Russie continuent d’optimiser leurs coûts et d’augmenter leur production. Toute érosion durable de la compétitivité sud‑africaine pourrait entraîner une perte de parts de marché, affectant les recettes d’exportation et les flux d’investissement.

À l’avenir, le Minerals Council estime que le secteur minier pourrait continuer à offrir une résilience à court terme, mais que la reprise plus large du marché du travail dépendra de la résolution des faiblesses structurelles de l’économie.

Comme le souligne l’économiste en chef par intérim Bongani Motsa, « si le secteur minier peut offrir une résilience à court terme, la reprise du marché du travail à long terme dépendra de la résolution des faiblesses structurelles et de la stimulation de l’investissement dans un éventail plus large d’industries ». Les analystes s’accordent largement : sans réformes favorisant la productivité, une énergie plus fiable et un regain d’investissement, le marché du travail sud‑africain restera inégal, avec des poches de résilience masquées par un déclin structurel persistant.

Les données du T3 reflètent finalement un marché du travail pris entre de modestes améliorations cycliques et des défis structurels profonds. Les gains du secteur minier offrent un point de stabilité rare, mais l’économie dans son ensemble continue de montrer des signes de fragilité  tant sur le plan interne que dans sa position sur les marchés mondiaux.

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