Dans le district de Rukiga, en Ouganda, une initiative agricole innovante transforme les économies rurales tout en préservant des écosystèmes essentiels. La culture des pleurotes s’impose comme une alternative durable aux méthodes agricoles traditionnelles, réduisant la pression sur les zones humides et contribuant à la conservation de la Grue royale, une espèce menacée.
L’année dernière, la Fondation internationale pour la conservation des grues (ICF) a lancé ce projet en collaboration avec trois coopératives agricoles locales. Jusqu’alors, les agriculteurs s’appuyaient principalement sur des cultures telles que les haricots, les pommes de terre irlandaises et le sorgho, qui nécessitent plusieurs mois avant d’être récoltées.
Ce délai, combiné aux difficultés économiques, poussait de nombreux agriculteurs à empiéter sur les zones humides, habitat vital des grues. La culture des champignons est apparue comme une solution viable, offrant des rendements rapides et nécessitant peu d’espace.
Bénéfices économiques et transformation sociale
La culture des champignons offre une source de revenus plus rapide et rentable. Avec un investissement initial de seulement 31 dollars pour du mycélium, les agriculteurs peuvent générer plus de 125 dollars de ventes en trois mois soit plus du double des revenus obtenus avec le sorgho, qui prend six mois à mûrir et ne rapporte que 53 dollars.
Cette augmentation des revenus a permis à de nombreuses familles d’améliorer leurs conditions de vie, d’investir dans l’éducation et d’accéder aux soins de santé.
« Ce projet de culture de champignons m’a apporté des miracles auxquels je ne m’attendais pas », témoigne Vanansio, un enseignant à la retraite. « Il me donne la liberté financière de soutenir l’éducation de mes enfants et d’envisager l’avenir sereinement. »
Pour les femmes, notamment les veuves comme Ellen, la culture des champignons représente une stabilité économique précieuse. Certains agriculteurs envisagent même de créer des coopératives afin de soutenir les entrepreneuses et d’élargir les opportunités commerciales.
Conservation et pratiques durables
Au-delà de son impact économique, cette initiative renforce les efforts de conservation. En réduisant la dépendance aux zones humides, les agriculteurs jouent un rôle clé dans la préservation des écosystèmes dont dépendent les grues.
« La culture des champignons est une alternative idéale : elle demande peu d’espace, peut être pratiquée toute l’année et ne nécessite pas de défrichage des zones humides », explique Patrick Engoru, directeur de l’ICF en Ouganda.
De plus, les sous-produits agricoles tels que les enveloppes de sorgho, autrefois brûlées comme déchets, sont désormais utilisées comme substrat pour la culture des champignons, contribuant ainsi à la réduction des déchets et à la durabilité environnementale.
Un modèle évolutif pour la conservation et le développement
Le succès de cette initiative démontre le potentiel du développement économique axé sur la conservation. Avec plus de 135 membres du personnel de l’ICF opérant dans 50 pays, des modèles similaires sont explorés à l’échelle mondiale pour conjuguer préservation écologique et prospérité communautaire.
« Ce projet améliore les revenus, renforce la sécurité alimentaire, autonomise les femmes et protège la Grue royale menacée », souligne Engoru. « Il prouve que la conservation peut s’intégrer parfaitement à la croissance économique. »
Grâce au soutien financier et aux partenariats, l’ICF espère étendre ses initiatives économiques basées sur la conservation en Ouganda et ailleurs.
Pour les agriculteurs de Rukiga, les champignons ne sont pas seulement une culture ils représentent la résilience, l’opportunité et un avenir où le succès économique et la préservation environnementale vont de pair.
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