Le Fonds Monétaire International (FMI) s’apprête à mettre en œuvre une réforme attendue depuis longtemps, visant à alléger les surtaxes imposées à 22 pays en développement. Ces surtaxes concernent des nations qui ont dépassé les seuils d’emprunt ou les délais de remboursement des prêts octroyés par l’institution.

D’après des informations rapportées par Bloomberg le 20 septembre, cette réforme pourrait offrir un soulagement financier indispensable à ces économies, dont le nombre est passé de 10 en 2020 à 22 en 2023. Parmi ces pays figurent l’Égypte, l’Angola, le Gabon, la Tunisie et les Seychelles.

Les surtaxes du FMI, instaurées en 1997, ont pour objectif d’inciter les pays emprunteurs à respecter les limites de crédit qui leur sont imposées. Cependant, ces mesures ont été largement critiquées, notamment par des économistes de renom comme Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie, qui les qualifie de « punitive ».

Le mécanisme repose sur deux types de surtaxes. La première est basée sur la quote-part d’un pays au FMI : lorsque la dette d’un État dépasse 187,5 % de cette quote-part, des frais supplémentaires sont imposés. La seconde surtaxe est basée sur la durée du remboursement : si les prêts ne sont pas remboursés dans un délai de 36 ou 51 mois, selon le type de crédit, des pénalités supplémentaires s’ajoutent.

Ces surtaxes, qui s’accumulent au fil du temps, alourdissent considérablement le fardeau de la dette pour les pays concernés. Au lieu de pouvoir investir dans des services essentiels comme l’éducation, la santé ou les infrastructures, ces nations doivent consacrer une part importante de leurs budgets au remboursement d’intérêts et de pénalités.

« Les surtaxes imposées par le FMI placent les pays emprunteurs dans une spirale de paiements incessants, au détriment de leurs populations, » déclare un expert en économie internationale. « Il est crucial que cette réforme voie le jour pour alléger le poids de ces pénalités. »

D’après des sources proches du dossier, le conseil d’administration du FMI a récemment discuté de trois modifications potentielles à ce système de surtaxes.

La première option consisterait à relever le seuil à partir duquel les surtaxes sont appliquées, permettant ainsi aux pays d’emprunter davantage sans être immédiatement pénalisés.

La deuxième option concerne la réduction des montants des surtaxes, offrant un soulagement financier direct aux États concernés. Enfin, la troisième option vise à abaisser le taux d’intérêt appliqué par le FMI sur les prêts, ce qui permettrait aux pays de rembourser leurs dettes à des conditions plus favorables.

Ces modifications pourraient être adoptées individuellement ou conjointement, offrant une certaine flexibilité aux gouvernements et à l’institution financière pour ajuster leur approche en fonction des besoins spécifiques des pays emprunteurs.

« Alléger les surtaxes est une étape nécessaire pour permettre aux pays en développement de se concentrer sur leur relance économique, plutôt que sur des paiements de dette toujours plus lourds, » souligne Joseph Stiglitz. Ce dernier rappelle que la plupart de ces pays sont confrontés à des défis économiques majeurs, exacerbés par la pandémie de Covid-19 et la hausse des prix des matières premières, ce qui rend la réforme des surtaxes d’autant plus cruciale.

Les discussions autour de cette réforme interviennent à un moment stratégique, à quelques semaines des réunions annuelles du FMI et de la Banque mondiale, prévues en octobre. Celles-ci rassemblent des décideurs économiques et politiques du monde entier, et les pays en développement espèrent y voir des mesures concrètes pour alléger leur fardeau financier.

Le mécanisme des surtaxes a longtemps été critiqué pour ses effets négatifs sur les économies les plus fragiles. Bien qu’il ait été conçu pour inciter à la prudence financière, il est désormais perçu comme une sanction qui empêche de nombreux pays de se redresser. Ces surtaxes représentent une part considérable des dettes publiques de plusieurs États, limitant ainsi leurs capacités d’investissement dans des secteurs clés de développement.

« Au lieu d’investir dans l’avenir, ces pays sont piégés dans une logique de remboursement continu, » déplore un autre économiste. « C’est une situation qui ne profite ni aux pays emprunteurs, ni à l’économie mondiale. »

Si la réforme des surtaxes est adoptée lors des prochaines réunions du FMI, elle pourrait marquer un tournant dans les relations de l’institution avec les pays en développement. Ce serait un pas important vers une justice économique plus équitable, en reconnaissant que ces nations, souvent aux prises avec des crises multiples, ne peuvent se relever durablement sans une approche plus souple et adaptée de la gestion de la dette.

Cette réforme, si elle aboutit, offrirait non seulement un répit financier, mais aussi un signe encourageant que le FMI est prêt à évoluer pour mieux soutenir les pays en développement dans leurs efforts de reconstruction économique

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