Lors du Sommet des Minéraux Critiques 2024 au Cap, Thierry Naweji, président exécutif de la Chambre de Commerce SA-DRC, a lancé un appel puissant pour que les pays africains unissent leurs forces dans le développement de leurs ressources en minéraux critiques et dans l’établissement de collaborations régionales plus solides.

Face à la demande croissante de métaux essentiels pour les technologies vertes, tels que le cobalt, le cuivre et le lithium, Nawej a souligné l’importance de mettre en place des coentreprises afin de garantir à l’Afrique une place centrale dans la chaîne d’approvisionnement mondiale pour la production de batteries.

Le sommet, qui s’est déroulé du 6 au 7 novembre 2024, a réuni des leaders industriels, des décideurs politiques et des chefs d’entreprise venus de toute l’Afrique pour discuter des stratégies visant à exploiter la richesse minérale du continent.

L’un des principaux enjeux abordés fut la nécessité urgente pour les pays africains, notamment la République Démocratique du Congo (RDC) et la Zambie, de collaborer dans la création de clusters de batteries et de zones de production locales.

La RDC et la Zambie représentent à elles seules plus de 50 % des réserves mondiales de cobalt, ces deux pays jouent donc un rôle clé dans l’avenir des industries de véhicules électriques (VE) et des énergies renouvelables.

Cependant, Thierry Naweji a souligné que les minéraux critiques tels que le cobalt et le cuivre sont de plus en plus contrôlés par des puissances étrangères, en particulier des entreprises chinoises, qui dominent les opérations minières dans la région.

Nawej a appelé l’Afrique à prendre le contrôle de ses ressources et à pousser pour une plus grande intégration régionale. « L’importance géopolitique des minéraux critiques ne peut être sous-estimée », a-t-il déclaré dans son discours liminaire.

« Le monde regarde l’Afrique pour ces métaux, mais les dirigeants africains doivent s’unir pour garantir que ces ressources profitent au continent. Nous avons besoin de coentreprises, non seulement pour l’extraction, mais aussi pour la transformation et la fabrication, afin de garantir que nous ajoutions de la valeur et créions une croissance durable. »

Il a également mis en lumière la perception internationale des pratiques minières en Afrique. Récemment, les États-Unis ont publié un rapport qualifiant le cobalt de la RDC de « minéral d’enfant et corrompu », jetant une ombre sur les pratiques minières de la région.

Bien que le rapport se soit concentré sur le cobalt, il a notablement exclu le cuivre, qui reste un minéral critique dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, mais qui suscite moins de controverses.

Naweji a critiqué cette approche sélective, en affirmant que « les minéraux critiques ne concernent pas seulement ce qu’il y a dans le sol, mais aussi la géopolitique et les dynamiques de pouvoir mondiales. » Il a exhorté les gouvernements africains à comprendre que le discours autour de ces minéraux est intrinsèquement lié aux luttes de pouvoir mondiales. « Tant que le monde continuera de voir nos minéraux à travers le prisme de l’exploitation, l’Afrique restera désavantagée », a-t-il ajouté.

L’un des objectifs majeurs du sommet était de promouvoir les échanges commerciaux mutuels entre l’Afrique du Sud et la RDC, un partenariat qui a déjà donné des résultats positifs dans les secteurs du mining, de l’énergie et des infrastructures.

Naweji a souligné l’importance de créer des liens d’affaires directs entre les marchés sud-africain et congolais. En facilitant les échanges commerciaux et en offrant une gamme de services pour encourager les relations transfrontalières, la Chambre de Commerce SA-DRC cherche à renforcer les liens économiques entre ces deux pays.

Thierry Naweji a également proposé la création de zones de libre-échange dans la région sud-africaine, notamment dans des pays comme la Zambie et le Zimbabwe. Ces zones, a-t-il expliqué, permettraient de simplifier considérablement les processus commerciaux, réduisant ainsi les obstacles à l’échange de biens et favorisant l’intégration économique régionale.

« Une zone de transit libre fournirait un corridor fluide pour le commerce, assurant ainsi que des pays comme la Zambie et le Zimbabwe ne soient pas laissés pour compte dans la croissance économique de l’Afrique », a précisé Nawej.

Reconnaître les Progrès de la Zambie, mais Encourager la RDC à Rattraper son Retard

Au cours de son intervention comme paneliste, Thierry Naweji a pris un moment pour saluer les avancées impressionnantes réalisées par la Zambie dans le développement de son secteur des minéraux critiques, en particulier dans la production de batteries.

« La Zambie a fait des progrès remarquables, notamment dans ses initiatives concernant les zones de production locales et la création de clusters de batteries », a déclaré Naweji. « La Zambie pose déjà les bases d’un avenir durable dans ce secteur, tandis que la RDC rencontre encore des défis liés à son infrastructure et à son cadre réglementaire. Toutefois, j’espère que la RDC rattrapera son retard et deviendra un acteur clé de l’industrie. »

Il a souligné que, bien que l’infrastructure et le climat d’investissement de la Zambie aient attiré un intérêt international considérable, la RDC reste confrontée à des problèmes d’instabilité politique et à des réseaux logistiques sous-développés, ce qui a freiné sa capacité à tirer pleinement parti de sa richesse minérale.

Malgré ces défis, le president de la chambre de commerce SA-DRC  s’est montré optimiste, soulignant qu’avec des efforts concertés des secteurs public et privé, la RDC pourrait surmonter ses obstacles et se positionner comme un leader dans le marché des minéraux critiques.

En regardant vers l’avenir, Nawej envisage un futur où les pays africains travaillent ensemble, non seulement pour contrôler leurs ressources naturelles, mais aussi pour développer l’infrastructure nécessaire à la mise en place d’industries à valeur ajoutée.

Cela inclut la création de zones de production locales pour les matériaux de batteries, ainsi que la construction de l’infrastructure technologique et logistique nécessaire pour soutenir les processus d’extraction, de raffinage et de fabrication.

Le Sommet des Minéraux Critiques 2024 a également marqué une étape importante dans le renforcement du rôle de l’Afrique dans la transition énergétique mondiale.

Avec l’accent croissant sur l’énergie propre et les technologies vertes, les minéraux critiques tels que le cobalt, le cuivre et le lithium resteront en forte demande.

Toutefois, sans une collaboration renforcée entre les nations africaines pour sécuriser leur place dans ce nouvel ordre mondial, une grande partie de la richesse générée par ces minéraux continuera de fuir à l’extérieur du continent.

En conclusion, Thierry Naweji a exhorté les participants au sommet à s’engager dans une collaboration à long terme. « Il ne suffit pas de simplement extraire les ressources », a-t-il conclu. « Nous devons développer des solutions durables, travailler ensemble en tant que continent et prendre le contrôle de notre avenir. Le moment d’agir, c’est maintenant. »

Alors que l’Afrique se positionne comme un acteur clé du marché mondial des minéraux critiques, la vision de Naweji pour une collaboration régionale accrue et pour des industries à valeur ajoutée pourrait tracer la voie vers un avenir plus prospère et autonome pour le continent.

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