Une vague de frustration et d’inquiétude submerge le secteur économique du Grand Katanga et du Grand Kasaï, alors que les fournisseurs et sous-traitants du géant minier Glencore, opérant sur le projet Kamoto Copper Company (KCC) en République Démocratique du Congo (RDC), se trouvent dans une situation de plus en plus désespérée. Depuis le debut de ce mois, ces entreprises congolaises n’ont pas encore reçu les paiements pour les services rendus à cette multinationale, menaçant non seulement leur survie financière, mais également l’économie régionale.
Un Appel Urgent à la Responsabilité
Le projet KCC, situé au cœur de la ceinture cuprifère du Katanga, est l’une des principales sources d’emplois et de revenus pour la région. De nombreuses entreprises locales dépendent des contrats de sous-traitance avec Glencore pour leur survie. Or, l’absence de paiements de la part du géant minier plonge ces entreprises dans une crise de liquidité aiguë.
Pour certains, la situation est critique. Plusieurs petites et moyennes entreprises, qui constituent le tissu économique local, n’ont plus les moyens de verser les salaires à leurs employés, aggravant ainsi une crise sociale déjà bien ancrée. “Nous sommes au bord du gouffre”, confie un entrepreneur local sous couvert d’anonymat. “Si Glencore ne règle pas rapidement ses dettes, je crains que nous devions fermer nos portes, laissant des centaines de familles sans ressources.”
Un Silence Assourdissant de Glencore
Face à cette situation alarmante, les tentatives de dialogue avec Glencore se heurtent à un mur. Contactée par notre rédaction, la direction de la communication de KCC s’est abstenue de tout commentaire, un silence qui suscite encore plus de méfiance et d’inquiétude parmi les acteurs économiques locaux. Ce mutisme est interprété par certains comme une reconnaissance tacite de la situation critique.
Cette crise de paiement pourrait avoir des répercussions bien au-delà des frontières du Grand Katanga. En effet, l’économie du Grand Kasaï, étroitement liée à celle du Katanga par les flux de biens et services, commence déjà à ressentir les effets de cette impasse.
L’incertitude financière qui plane sur ces régions risque de déstabiliser l’ensemble de l’économie congolaise, qui dépend en grande partie du secteur minier.
Des Conséquences Sociales Dévastatrices
Les retards de paiement de Glencore(KCC) ont également des implications sociales désastreuses. De nombreux travailleurs des entreprises sous-traitantes risquent de ne pas percevoir leurs salaires ce mois d’août. “Nous avons déjà réduit nos dépenses à l’essentiel, mais si la situation ne se débloque pas rapidement, je ne sais pas comment nous allons survivre”, déclare un employé désabusé”.
Cette crise arrive à un moment où le secteur de l’entrepreneuriat en RDC commence à peine à se relever des difficultés engendrées par la pandémie de COVID-19. Les entrepreneurs locaux, qui jouent un rôle crucial dans la diversification de l’économie congolaise, sont désormais confrontés à une nouvelle épreuve.
Cette situation risque de décourager les initiatives locales et d’accentuer la dépendance du pays vis-à-vis des entreprises étrangères.
Un Climat d’Affaires Entaché par des Pratiques Corrompues
Cette crise de confiance autour du projet KCC intervient dans un contexte déjà fragilisé par les scandales qui touchent Glencore. Tout recemment, le bureau du procureur général suisse a infligé une amende de 152 millions de dollars à la multinationale pour son implication dans une affaire de corruption en RDC.
Les autorités judiciaire suisse ont reproché à Glencore de ne pas avoir pris les mesures nécessaires pour empêcher un partenaire commercial de verser des pots-de-vin à un fonctionnaire congolais en 2011.
Ce scandale a terni l’image de Glencore et soulevé des questions sur l’intégrité de ses opérations en RDC. Pour beaucoup, cette amende n’est que la partie émergée de l’iceberg, révélant un climat d’affaires opaque et marqué par des pratiques douteuses.
Un Appel Urgent à la Responsabilité
Face à cette situation critique, la communauté économique et sociale du Katanga et du Kasaï appelle Glencore à assumer ses responsabilités vis a vis a ses fournisseurs. Le géant minier, qui tire profit des riches ressources de la RDC, doit respecter ses engagements financiers et contribuer de manière positive au développement du pays.
L’issue de cette crise aura des conséquences profondes sur l’économie congolaise, et plus particulièrement sur l’avenir des petites et moyennes entreprises locales. Si aucune solution n’est trouvée rapidement, l’impact pourrait être dévastateur, renforçant encore plus les disparités économiques dans une région déjà marquée par de nombreux défis.
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