Dans une décision marquante qui souligne les défis de la corruption endémique en République démocratique du Congo (RDC), les autorités suisses ont infligé une amende de 152 millions de dollars au géant minier Glencore pour ne pas avoir empêché un partenaire commercial de verser des pots-de-vin à un fonctionnaire congolais en 2011.
Ce développement met non seulement en question l’éthique opérationnelle de Glencore, mais jette également une ombre sur le climat d’investissement dans cette nation riche en ressources.
Le bureau du procureur général suisse (OAG) a annoncé lundi que les procureurs ont constaté que Glencore n’avait pas mis en place des mesures suffisantes pour empêcher un partenaire commercial de soudoyer un fonctionnaire congolais.
Ce pot-de-vin était lié à l’acquisition par le partenaire de participations minoritaires dans deux sociétés minières de la RDC auprès d’une entreprise publique.
Glencore, bien qu’elle n’ait pas admis les conclusions, a choisi de ne pas faire appel de l’amende, signalant ainsi un désir de tourner la page. “Glencore est heureux d’avoir résolu ces enquêtes concernant des affaires passées survenues il y a plus de 13 ans,” a déclaré le président du groupe, Kalidas Madhavpeddi.
Il a souligné que cette résolution marque la conclusion de toutes les enquêtes gouvernementales précédemment divulguées sur des inconduites historiques.
Le résumé de l’ordre de pénalité de l’OAG n’a notamment pas impliqué directement des employés de Glencore dans les faits de corruption ni identifié de bénéfice financier pour la société provenant des actions du partenaire commercial.
Une enquête parallèle menée par le Service de poursuites pénales des Pays-Bas s’est également conclue sans autres pénalités pour Glencore.
Cette nouvelle amende s’ajoute aux coûts juridiques considérables de l’entreprise liés à des allégations de corruption dans le monde entier. En 2022, Glencore a accepté de verser au gouvernement de la RDC 180 millions de dollars pour régler d’autres allégations de corruption entre 2007 et 2018.
Au total, Glencore a déboursé au moins 1,7 milliard de dollars pour régler diverses enquêtes sur la corruption dans le monde, y compris des cas très médiatisés aux États-Unis et au Royaume-Uni où l’entreprise a admis avoir versé des pots-de-vin pour obtenir des contrats dans huit pays, allant du Brésil au Soudan du Sud.
Un Couteau à Double Tranchant : Investissement vs Corruption
La richesse immense en ressources naturelles de la RDC, en particulier en cuivre et en cobalt, en fait un aimant pour les investissements étrangers. Cependant, les scandales de corruption récurrents impliquant des entreprises multinationales majeures comme Glencore dressent un tableau complexe de l’environnement d’investissement du pays.
D’une part, ces ressources représentent un potentiel économique significatif et des opportunités de développement.
D’autre part, les risques de corruption omniprésents dissuadent les investisseurs potentiels et augmentent le coût des affaires.
Pour les investisseurs, le défi réside dans l’équilibre entre les opportunités lucratives offertes par le secteur des ressources de la RDC et les pièges légaux et éthiques potentiels.
Le cas de Glencore est un rappel brutal que même les entreprises bien établies peuvent être prises au piège dans le paysage local de la corruption, entraînant des sanctions financières substantielles et des dommages à la réputation.
Responsabilité Gouvernementale et Entreprises
Le gouvernement de la RDC a un rôle crucial à jouer dans la résolution de ces problèmes. Assurer des structures de gouvernance transparentes et responsables est essentiel pour attirer et retenir les investissements étrangers. Les initiatives visant à renforcer le cadre juridique et à améliorer les mesures de lutte contre la corruption peuvent aider à atténuer les risques et à créer un environnement commercial plus favorable.
De plus, les multinationales opérant dans des régions à haut risque comme la RDC doivent appliquer rigoureusement des programmes de conformité et des procédures de diligence raisonnable. Le cas de Glencore illustre les conséquences potentielles de l’échec à prévenir les pratiques de corruption par des partenaires commerciaux. Pour les entreprises, investir dans des contrôles internes robustes et favoriser une culture d’intégrité peut protéger contre des enchevêtrements juridiques similaires.
Les Implications Plus Larges
L’amende de 152 millions de dollars infligée à Glencore n’est pas seulement une sanction ; c’est un signal puissant sur les coûts de la corruption. Ce cas sert de leçon pour d’autres entreprises et investisseurs envisageant des projets en RDC. Bien que les ressources du pays soient indéniablement attractives, naviguer dans son paysage socio-politique complexe nécessite un engagement envers des pratiques éthiques et une approche proactive de la gestion des risques de corruption.
Alors que Glencore s’efforce de clore ce chapitre sur ces problèmes de mauvaise conduite historiques, la communauté d’investissement au sens large surveillera de près les efforts de la RDC pour réformer et attirer des investissements propres et durables.
L’espoir est qu’à travers des efforts collectifs du gouvernement et du secteur privé, la RDC puisse transformer ses riches ressources en prospérité durable, libre des ombres de la corruption.
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